En 1997 j’achète mon premier bateau, un Poker de 8.5 m, je n’avais qu’une
petite expérience de voile sur lac et j’adorai la mer par rapport
à la plongée.
Les images de ma première sortie avec ce bateau restent gravées dans ma mémoire, il était basé à Capbreton dans les Landes.
Il était
8h du matin, la mer était formée avec une houle importante dans le chenal de sortie et l’un des pêcheurs sur la jetée me fait un signe de croix en passant devant lui.
Je n’ai surement pas eu conscience des mauvaises
conditions de mer, il n’y avait pas d’enrouleur de génois et il fallait adapter le foc en
fonction de la force du vent, les manœuvres étaient délicates et je commençais à m'inquiéter du retour sachant que
les entrées dans ce port pouvaient être très dangereuses par mauvais temps; il y avait des drames
pratiquement tous les ans.
Sa position plein ouest, le peu de largeur du
chenal et les courants exercés par le lac d’Hossegore rendaient les conditions
extrêmement difficiles sachant qu’il fallait calculer en permanence la hauteur
de l’eau pour mon quillard.
Finalement le retour fût mouvementé sans problème particulièr, cette entrée de port nécessitait d'évaluer les vagues pour franchir l'entrée du chenal avec la plus petite.
Il est arrivé par la suite de nos virées de se dérouter sur d'autres ports compte tenu des difficultés.
Les noms de mes bateaux étaient dans l'ordre: Libertad, Voyager, Alizés
ALIZES II est actuellement mon quatrième bateau, j’ai accumulé divers problèmes techniques et de
navigations lors de mes multiples sorties en mer.
Les plus fortes expériences sont mes deux
allers-retours au Sénégal et un talonnage lors d'un périple au Portugal.
Récits de mes missions pour Voiles Sans Frontières
Avec ALIZES II j’ai réalisé que
je pouvais me lancer dans de grands périples, la traversée de l’atlantique
était dans mes pensées.
J’ai consulté internet et découvert
l’organisation Voiles Sans Frontières, leur site indiquait des interventions au
Sénégal avec une possibilité d’interventions aux Caraïbes.
En réalité les Caraïbes ne faisaient
pas partie de leur programme, cela dépendait d’un petit groupe de personnes en Martinique
qui n’avait même plus de contact avec
les instances de VSF en France.
Néanmoins, intervenir au Sénégal me
séduisait, c’était un périple moins important que la traversée de l’atlantique,
moins risqué dans mon esprit et une bonne expérience de navigation.
Fin 2010, je m’inscris à VSF, à l’assemblée
générale en Mars 2011, un partenariat scolaire est mis en place entre l’école
de primaire de Ste Marie de Capbreton et
l’école de Falia dans le Siné Saloum au Sénégal.
Nous prévoyons de livrer avec ALIZES II du matériel scolaire avec l’une de mes
filles Elodie comme coéquipière, la période retenu se situe sur juillet et aout 2011.
Le bateau se prépare tout doucement, je travaille, je ne suis disponible que les weekends et j’habite à 270 km d’Hendaye à Agen.
Fin juin, nous allons à Capbreton
avec le bateau pour le faire découvrir aux
enfants de l’école primaire, chaque bambin porte un paquet contenant du
matériel scolaire destiné à l’école de Falia.
Cette rencontre d’une journée est
émouvante et nous avons plaisir de partager ces échanges.
Nous avons le désir d’être respectueux
de l’environnement, je fais l’achat d’un four solaire, une presse manuelle
permet de comprimer les moindres déchets de manière à le stoker et les ramener
en France.
Nous avons 360 litres d’eau et
nous avons pour but de faire avec cette quantité pendant les deux mois et tout
est à l’économie.
Nous avons en plus 120 litres d’eau
minérale en soute
Première mission VSF
Le 9 juillet 2011 est un grand jour,
c’est le départ pour le Sénégal, la
préparation du bateau n’est même pas terminée, le radar et la deuxième éolienne
seront installés pendant le voyage.
La traversée du Golfe de Gascogne
est un peu musclée vers Gijon, les fixations de la grand-voile d’origine ont des signes de
faiblesse et nous allons faires 3 escales techniques pour les réparer;
arrêts à Ceidéra en Espagne, à proximité de porto au Portugal et un dernier au
Maroc.
Après nous avons des problèmes de
moteur qui nous obligent à faire 700 milles sans lui avec une arrivée à la voile
de nuit dans la baie de Hann à Dakar
Nous livrons notre matériel à
Falia dans une ambiance mitigée, c’est la période de vacances, il manque les
enseignants sauf le directeur qui pense plus à sa situation personnelle qu’a
son école.
Nous devions remettre la somme de
600 € aux responsables du village mais nous avons jugé avec l’un des
administrateurs de VSF qu’il fallait sursoir dans l’immédiat à ce don
Je passe pleins de détails, c’est un
autre monde, nous devons nous familiariser avec les us et coutumes africains.
Par contre, de retour au bateau
laissé au mouillage devant le village, nous découvrons une grosse entrée d’eau dans
le bateau, l’arbre d’hélice n’est plus étanche, nous revenons à Dakar, nous écopons
en permanence puisque la pompe de cale ne fonctionnait pas.
Le bateau est sorti par un
chariot roulant d’un autre âge depuis la plage de la baie de Hann devant le CVD,
imaginez le déplacement d’une masse de plus de 9 tonnes sur une plateforme avec
des pneus à la limite de l’explosion et un câble à la limite de la casse (même
pas peur ces Sénégalais )
Un presse-étoupe à l’ancienne est
installé et nous repartons de Dakar.
Au bout de 100 milles nous
découvrons une déchirure du génois, l’un des tubes d’assemblage n’est plus
solidaire et le guindant de la voile est
découpé.
Nous avons des débris de câble
inquiétant sur le pont.
Nous roulons un peu le génois
avec la grosse inquiétude d’avoir un étai détérioré, par contre la grand-voile
avait été révisée par le célèbre Diégo à Dakar.
Nous devons faire une halte à Ténérife,
nous avons pris du retard, Elodie doit rentrer en France pour un nouveau
travail.
Je reprends la mer seul, je n’ai
pas pu vérifier l’étai, j’ai donc une légère angoisse sur son état.
Je fais la remonté des
Canaries à Hendaye avec de bonnes
conditions sans aucun problème et ses 15 jours de mer ont été révélateurs.
J’ai vraiment pris goût à la
navigation, l’approche des côtes Espagnoles me désolait, j’allais retrouver
la civilisation, le quotidien, le boulot.
Le 6 septembre j’arrive à Hendaye
après 15 jours de mer en solitaire, un pur plaisir de navigation avec des conditions d’allure
de près très acceptables.
Le bilan global nourriture est intéressant,
nous nous sommes nourris à 70% de poissons pêchés et cuits au four solaire.
Deuxième mission VSF du 27 décembre 2013 au 16 mars 2014
Le bateau est chargé d’un fauteuil
dentaire complet avec d’autres bricoles dont l'ensemble est destiné au village de Niodior dans le Siné Saloum au Sénégal et tout cet ensemble occupe une cabine complète
Nous devons participer à une mission dans le village de Djinrda en soutien avec le bateau trimaran de VSF Yobaléma, entre ces deux missions je suis devenu un
des administrateurs de Voiles Sans Frontières et j'étais coordinateur adjoint à cette mission médicale qui est surtout orientée sur l'installation d'un cabinet dentaire itinérant.
Mon coéquipier s’appelle Alain,
il n'est pas très connaisseur en voile ce qui a valu des petites tensions dans les difficultés.
Le bateau avait subi une révision
complète au niveau de son gréement et une trinquette sur enrouleur avait été
installée.
A nore départ fin décembre nous étions dans une série de
dépressions et la traversée du golf s’annonçait compliquée, les fenêtres se referment plus vite que
prévue, le force 6 devient 9 voir 10 en rafales.
La mer se forme, difficile d’évaluer
la hauteur d’un minimum de 6 m.
Il m'est impossible de passer le cap
Ortégal et nous restons bloqués 5 jours à Viveiro en Galice.
La reprise est un peu moins harde
mais nous sommes souvent dans du force 8 et houle de 3 à 4 m.
Nous faisons un petit arrêt à l’ile
de la Gomera aux Canaries et nous arrivons le 24 janvier à Dakar
Le fauteuil et les bricoles sont livrés au village de Niodior et notre mission
se passe très bien.
Le retour n’est pas encourageant,
il faut se taper 2500 milles en allure de près en s’approchant généralement des
Acores.
Nous venons de faire 500 milles
et dans une nuit agitée l’ensemble génois et étai se désolidarisent de la proue du bateau.
Stupeur générale et demi-tour
immédiat pour se retrouver vent arrière, la chape de maintien de l’étai est
complètement déformée, à priori la goupille qui maintenant l’axe de la chape était mal fixée ou absente (
montage professionnel que je n’avais pas vérifié)
Impossible de remettre en forme la chape d’où la
nécessité de revenir au Sénégal en tentant d'arrimer au mieux l'ensemble pour ne pas abimer le pont et de subir un dématage.
Après réparation à Dakar et remontée sur
1000 milles, le câble de la triquette se cisaille dans sa fixation supérieure au niveau du mat.
Par ailleurs, la bordure du génois
part en lambeau.
Nous sommes au niveau de Madère,
donc arrêt à Funchal, pas de place à la marina, nous démontons toute la trinquette
au mouillage et faisons réparer la voile du génois.
Nous faisons la remontée sans
encombre jusqu’à Hendaye à mi- mars 2014.
Nous avons fait plus de 3000
milles en allure de près et je n’ai plus l’intention de faire autant de distance
avec cette allure qui est éprouvante pour le bateau et ses occupants
Les anomalies sont un mélange de
mauvaises préparations du bateau, de négligences, d'erreurs de manœuvres et
de mauvaises interventions de
professionnels ce qui était la cas pour mes problèmes sur le génois et la trinquette, néanamoins il m'appartenait de vérifier
Il y eu de nombreux découragements, j'ai déjà
parcouru avec ALIZES II 15000 milles depuis 2010.
Lors de son achat d’occasion, j’ai changé
son nom, je ne l’avais pas baptisé dans les règles maritimes
et la superstition n’est pas négligeable
dans ce domaine.
En 2014 lors d’une fête de la mer à Hendaye nous
l’avons baptisé avec Jamila en respectant le rituel.
Il fallait recouper le sillon 3 fois et bien indiquer à mon bateau et à Neptune son changement de nom avec un bon arrosage de l'évènement .
Ce bateau est une partie de nous-même, on lui
parle, on l’encourage particulièrement dans les mauvaises conditions.
Je n'ai plus de timing à respecter comme ce fût le cas pour les missions VSF et il y aura moins de risques à naviguer
Malgré toutes ces mauvaises aventures, j’ai fait le
choix de vivre dans cette maison flottante avec Jamila pour une durée
indéterminée, j’ai appris et j’ai encore beaucoup à apprendre.
Je lis de nombreux blogs de marins depuis nos
arrêts aux Canaries et la liste des
avaries est assez semblable sur les bateaux, la narration des périples
diffère, il y a du détail de navigation pour certains et d’autres sont plus
accès sur les endroits visités.
Je n’ai aucune critique particulière sur ces blogs,
je prends plaisir à les lire, ils sont instructifs, nous optons pour un panachage,
c’est-à-dire pas trop de détail de navigation, nous ne sommes pas persuadé que les
diverses manœuvres vont intéresser tout le monde et concernant les paysages
nous allons retrouver du déjà vu, s’imprégner de la population me semble une
bonne vision à commenter.
Notre blog évoluera, nos valeurs
actuelles seront peut-être changeantes dans quelques temps.
La lecture de ces blogs relate de
graves dangers, la perte du bateau, de personne, des agressions, néanmoins les
dangers existent partout.
Lire ces évènements font froid
dans le dos, il faut être prudent en permanence, parcourir les mers n’est pas
un long fleuve tranquille, profiter d’une eau émeraude sous le soleil, de vues
et de rencontres exceptionnelles se méritent et c’est la récompense.
Nous allons connaitre plein de galères, la météo sera imprévisible, le
vent s’imposera parfois violement, la mer nous gratifiera par moment d’une
forte houle, nous devons être bien préparés et nous adapter aux évènements.
Mot de la fin du capitaine, il vient
d’avoir 59 ans, nous l'avons fêté dignement avec Jamila
Très bon anniversaire !
RépondreSupprimerEt bravo pour toutes ces news.